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224 LA R E V U E LYONNAISE Quelques lambeaux de documents nous apprennent que pendant le siège, la terrasse qui naguère encore attenait à la grande salle de la bibliothèque, servit à l'établissement d'une batterie, et que des mesures furent prises pour assurer la conservation du mèdaillier et du cabinet des antiques. Mais la batterie établie sur la terrasse ne tarda pas d'attirer le feu de l'ennemi. Une grêle de bombes et de boulets lancés des hau- teurs deMontessuy, et desBrotteaux écrasa, en peu de temps, tous les bâtiments du collège. Le plafond de la grande salle de la bi - bliothèque fut en partie détruit ; des rayons entiers de livres furent broyés par les boulets, et la bibliothèque ne fut plus, en peu de temps, qu'une vaste ruine. Les balcons de la grande salle et les grilles de la chapelle offrent encore des traces du passage des pro - jectiles, et on conserve encore, comme souvenir de cette lamentable époque, les éclats des bombes dont quelques-uns ont troué l'un' clés globes qu'on voit encore dans la grande salle et qui provenait des jésuites 1 . Après la reddition de la ville, la bibliothèque, d'après un rapport officiel du 18 pluviôse an XI, « demeurée sans gardiens, toute ou- verte, fut livrée à tous les passants et surtout à deux ou trois ba - taillons de Volontaires de la République qu'on y caserna. Tous les livres du culte catholique furent proscrits; les soldats allumé - rent leurs poêles avec les plus beaux ouvrages; le juge de paix du quartier de Saint-Nizier se fit apporter, chaque décade, des charre- i Lesgrands globes delà Bibliothèque ont été construits par )e P. Grégoire dans ia maison de Picpus, à la Guillotière. M. Péricaud avance dan3 ses « Lyonnais dignes de mémoire » qu'ils furent transportés à la Bibliothèque de la ville en 1790. Mais de récentes recherches, faites par M. Charvet aux archives de la ville, ont fait dé- couvrir un arrêté des représentants du peuple envoyés à Lyon en l'an III, d'après le- quel ces deux globes étaient encore, le 28 germinal an III, au couvent de la Guillo- tière; à ce moment un archéologue distingué du Dauphiné, M. Schneider, ayant obtenu, sans doute subrepticement, l'autorisation de les enlever et de les transporter à Vienne, les représentants Borel et Boisset s'y opposèrent et les firent apporter dans la Bibliothèque nationale de Lyon pour servir à l'enseignement dans ['École cen- trale récemment fondée et qui eut si peu de succès et de durée comme la plupart des ceuvres de la Révolution.... On sait que sur l'un de ces globes sont indiqués les lacs du centre de l'Afrique dont de célèbres voyageurs modernes se sont attribué le mérite delà découverte, tan- dis que, dès les temps les plus anciens, des missionnaires de l'ordre de Saint-Domi- nique avaient déjà constaté l'existence de ces grands lacs et fourni les plus exacts renseignements surle centre de l'Afrique.