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LES ARCHIVES NOTARIALES 63 exécutée, et nous espérons que ce sera dans un prochain avenir, devant une pareille accumulation de documents, les paléographes reculeront épouvantés et ravis. IV J'ai parlé d'art au début de cet article. Dans ce domaine, les archi- ves notariales promettent les découvertes les plus intéressantes. Ce sont elles qui nous ont initiés aux pénibles débuts de l'impri- , merie et nous ont raconté le drame navrant de la vie de Guten- berg. Ce sont elles qui, chaque jour, en Italie, livrent aux cher- cheurs l'histoire inconnue ou altérée des chefs-d'œuvre. Grâce à une vente, à un inventaire, moins encore, à un bout de quittance, on peut contrôler Vasari, démentir Gellini : un nom est révélé, une date fixée, une œuvre décrite. Le document regagne en précision ce qu'il perd en sécheresse. L'histoire de l'art français est à peine commencée, et il y a du patriotisme à en rechercher les sources obscures, à en suivre la germination puissante, à en montrer le magnifique épanouissement. Assez longtemps on en a fait un rameau séparé du tronc italien et greffé sur le sauvageon gaulois. Profondément national, dégagé de toute influence étrangère jusqu'à ce que François Ier ait mis à la mode ces aventuriers du compas ou du pinceau, enfants perdus de la grande école florentine, il n'a pu être tout à fait faussé par cette invasion subventionnée par la cour. Il sera intéressant de voir, pièces en mains, nos vieux artistes, héritiers des grandes traditions du treizième siècle et du quinzième, faire une résistance invin- cible autant que raisonnable aux paradoxes d'outre- monts. Non qu'ils fussent systématiquement rebelles aux nouveautés : bien au contraire ; mais, guidés par le bon sens français, ils n'en prenaient que le côté véritablement progressif (qu'on me pardonne ce mot barbare), pour en abandonner les excentricités et les folles exubé- rances. Ils ont assagi le nouvel art. Il sera juste aussi de leur ren-