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64                   LA REVUE LYONNAISE
dre les ouvrages dont ils ont couvert notre sol, et de faire dispa -
raître les fausses attributions imposées souvent à notre crédulité
par la vantardise italienne. Voilà les titres de gloire qu'il s'agit de
retrouver : j'ai dit plus haut où ils sont enfouis.
   Je voudrais ajouter un dernier mot, le mot d'un Lyonnais. Nous
sommes dans une ville qui fut l'un des principaux foyers de l'art
et de la civilisation pendant la renaissance. Lyon, point de jonc-
tion de la France du Nord et de celle du Midi, comptoir immense
des cités d'Italie et des cités flamandes, route naturelle, souvent
séjour définitif des artistes septentrionaux, asile paisible des grands
esprits libéraux de ce temps, Lyon a été pendant plus d'un siècle
un centre intellectuel incomparable. Ses imprimeurs et relieurs, ses
graveurs et sculpteurs sur bois n'ont nulle part été dépassés. Et
pourtant, tous ou presque tous sont des inconnus pour nous. Sans
parler des premiers, qui signaient généralement leurs œuvres,
mais dont une histoire critique et complète n'a pas même été en-
treprise, quels graveurs ont orné de leur burin souple et original
ces magnifiques éditions que les bibliophiles couvrent d'or et dont
la science et le goût moderne n'ont pu parvenir à égaler l'élégance ?
Quels obscurs artisans ont composé ces merveilleuses reliures,
damasquinées comme une arme sarrasine, éclatantes comme un
carreau à'azulejos ? Quels sculpteurs modestes ont fouillé dans le
bois la splendide ordonnance de ces meubles monumentaux, livrés
par de récentes expositions à notre étonnement admiratif? Les
Archives municipales citent quelques noms, donnent quelques
indications d'œuvres et de dates ; mais elles ne mentionnent guère
que des artistes qui ont travaillé pour la ville et, à ce moment, les
villes ni les Etats ne s'étaient, comme aujourd'hui, érigés en pro-
 tecteurs des beaux-arts. L'argent leur manquait souvent, absorbé
qu'il était par la guerre, les impôts, les pestes sans cesse renais-
 santes. Mais à Lyon, banquiers florentins, échevins, trésoriers des
guerres, rivalisaient de goût intelligent et de générosité : notre
splendeur est faite des débris de leur luxe.
   Toutes leurs richesses étaient naturellement inventoriées : ventes,
contrats de mariage, partages, etc. sont pleins de nomenclatures,
véritables catalogues de ce musée dont chaque notable demeure
formait un salon. Les archives du Gourguillon sont la mine inépui-