Pour une meilleure navigation sur le site, activez javascript.
page suivante »
4




58                        LA R E V U E LYONNAISE
   Je me trouvais un jour avec quelques jeunes gens, et la conver-
sation était tombée sur ce sujet. Un de mes interlocuteurs m'apprit
qu'il possédait les registres de plusieurs de ses ancêtres, notaires
dans le Vivarais depuis le quinzième siècle, et voulut bien en faire
venir tout exprès un volume. C'était le huitième registre de Me As-
clard, notaire à Satillieu (Ardèche), vers 1560. Je le parcourais
avec attention, pensant y trouver des éclaircissements sur une
division ecclésiastique particulière au Vivarais et au Forez, le
manclamentum, lorsque je remarquai un acte long de trente pages
au moins et terminé par de fort belles signatures, — le contrat de
mariage de Philibert de Die avec demoiselle Claude de Tournon,
fille du maréchal, récemment décédé. A la seconde page se trouvait
lacopie d'une lettre de Catherine de Médicis, alors régente, accor-
dant l'autorisation du mariage, qui ne pouvait avoir lieu sans cette
formalité, la fiancée étant fille d'un maréchal de France. Voici la
lettre :
                   A ma cousine Madame de Tournon
   « Ma cousine, j'ai receu votre lettre et suys bien marrye de la
perte que vous avez faicte par la mort du feu seigneur de Tournon,
votre mary. Vous scavez que cela deppend de la volunté de notre
Seigneur et où il n'y a aulcun remède, qui me faict vous prier de
prendre tout ce qu'il (sic) vient de sa main le plus patiemment que
vous porrez. Cependant, je vous ay bien volu advertir que, en tout
ce qui concernera le bien, profit et advancement de vous et de vos
enfans, je m'y emploierey et aurey toute la maison en telle recom-
mandation que vous cognoistrez combien je désire fere pour vous.
J'ay entendu aussi que vous avez accordé pour le mariage de votre
fille. Si c'est chose que vous trouvez pour son bien etadvantage et
que vous en soyez d'accord ensemble, je le trouve bon aussi et que
l'on parachève ce qui en a esté desja arresté ; priant le Créateur,
ma cousine, qui (sic) vous ait en sa sainte garde. Escript à Paris,
le quatorzième jour de décembre 2.
                                        Votre bonne cousine,
                                                        CATHERINE.

  » l'ai perdu la date du mariage, et n'ai point sous la main le P . Anselme pour y
vérifier l'époque précise de la mort du maréchal de Tournon. Je crois toutefois pouvoir
assurer que l'autorisation de la régente est de 1561.