page suivante »
SOUVENIRS DE PONDIGHÉRY « Ainsi pour moi, déjà bien des contrée* du monde se sont réalisée, et îe souvenir qu'elles m'ont laissé est loin d'égaler les splendeurs du rêve qu'elles m'ont fait perdre. » G é n À R D DE NERVAL, Parlez de l'Inde à un Parisien, même à un Lyonnais lettré, neuf fois sur dix, il vous citera Rêva et la Guerre du Nizam ; il em- porte malgré lui dans un coin de son imagination la galerie des tableaux fantastiques et charmants peints d'après nature par Méry, dans son atelier de Marseille. Ce sont de larges fleurs aux décou- pures bizarres, éclatantes de couleurs et ruisselantes de parfums, des plantes inconnues, hautes comme des arbres, des arbres hauts comme des cathédrales et des forêts de ces arbres, vierges de tout vestige humain. Dans le cadre de cette nature, des hommes au teint de bronze, aux passions volcaniques, des femmes d'une beauté étrange, souples et caressantes comme des lianes, presque uniquement vêtues d'un bracelet d'or, corrigeant l'indolence du hamac par la coquetterie de l'éventail. Et puis, des pagodes, des dieux, ces dieux impassibles qui, au dire de Banville, depuis des milliers d'années, enivrés de parfums, caressés par les grandes fleurs terribles, assis sur des trônes de diamants et sur des char • riots d'astres, rêvent à la stupidité et à la méchanceté humaines ; des jongleurs, des danses ds bayadères, d.;s bûchers de veuves, des éléphants, des tigres, des serpents: tout un monde d'êtres et