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 400     LES GRAVEURS SUR BOIS ET LES IMPRIMEURS

   La gravure sur bois fut, au temps dont nous par-
lons, un métier un peu servile. La science du
dessin manquait aux tailleurs, comme les connaissances
techniques. Renouvier n'a trouvé à ce métier tel qu'il
était exercé que le mérite « de cette crudité des
fruits primitifs de l'art qui plaît à certains goûts (15). »
Sa remarque est exprimée en termes assez durs. Il y
a eu dans ce métier l'exemple d'autres mérites.
   Nous jugeons les graveurs lyonnais de la période
 antérieure à 1490 d'après leurs œuvres, et nous ne
 saurions méconnaître la valeur relativement haute de
 quelques-unes de celles-ci.
   Il faut d'ailleurs considérer que les imprimeurs lyon-
 nais ne se proposaient pas de produire ce qu'on
pourrait appeler des œuvres d'art. Ils ne prétendaient
pas remplacer les écrivains ou copistes aux mains
 desquels on devait l'exécution des livres manuscrits si
corrects décorés de miniatures ; ils n'avaient de raison
d'être qu'en servant les goûts, les besoins et les
intérêts du grand nombre; ils (nous parlons des impri-
meurs lyonnais) s'attachaient aux versions en langue
française de textes sacrés et de livres de piété, aux
romans de chevalerie et aux chroniques aussi en
langue vulgaire, à tout ce qui devait être l'objet d'un
commerce facile et répondait au mouvement nouveau
des esprits (16).

   (15) XVe sikh, p. 106.
  (16) On connaît mal, ou plutôt on ne connaît pas le       régime
auquel l'imprimerie était soumise alors à Lyon, mais        il est
certain qu'elle y jouissait d'une assez grande liberté      ; cela
explique qu'elle ait pu, au XVe siècle, entreprendre tant     d'im-
pressions en langue française, même de livres de piété.