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                        A LYON AU XVe SIECLE                      397
goût des acheteurs (7). Les couleurs étaient presque
toujours les mêmes : le vermillon, le pourpre, le
vert, la couleur de chair (8).
   Cet état du métier dura jusqu'à la fin du xv e siècle,
mais déjà vers 1485, surtout après 1490, l'exécution
fut plus fine et le progrès bien marqué. La situation
personnelle des tailleurs resta toutefois dans une condi-
tion d'infériorité.
   Jules Renouvier, observateur pénétrant et sincère,
qui a eu la hardiesse d'essayer de faire l'étude des
manières des anciens graveurs (9), a émis l'opinion
que les bois (10) des livres sortis des ateliers de
Lyon « peuvent être attribués en quelque partie aux
imprimeurs eux-mêmes qui étaient d'habiles artistes,
mettant la main... à toutes les pratiques de leur
art ( n ) . » Renouvier a compris ce qu'il y avait
d'incertain et d'excessif dans une telle hypothèse (12),
et il est revenu sur son assertion. Ces bois, a-t-il


   (7) On avait autrefois un goût assez vif pour la couleur, et l'en-
luminure est née de ce désir de voir éclairer (illuminare) par la cou-
leur, par la miniature (application du minium), les feuillets couverts
d'encre noire. Les lecteurs de livres se sont déshabitués lentement
de cette ornementation.
   (8) Il y a de rares exemples de l'emploi d'une sorte de laque
rouge, verte ou jaune, avec addition de colle de poisson.
   (9) Des types et des manières des maîtres graveurs, 1853 à
1856, in-40.
   (10) Nous employons le mot bois avec l'acception de gravure
sur bois.
   ( n ) XVe siècle, p. 105.
   (12) Papillon avait exprimé la même opinion dans son Traité
de la gravure en bois (t. I, 1766, p. 124). Papillon n'a fait
mention d'aucune gravure sur bois lyonnaise du xve siècle.
   N» 6. — Juin 189;,                                          29