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                      A LYON AU XVe SIECLE                         3 01

devint inséparable de l'imprimerie et aida à ses dévelop-
pements.
   On était préparé à Lyon à mettre à profit pour l'or-
nementation des livres ce mode de gravure à peu près
ignoré.
   On faisait alors (au xv e siècle) à Lyon des cartes
à jouer, cartes imprimées avec des moules de bois,
imprimées en noir avec le frotlon (10) et coloriées. Un
personnel avait été formé et restait réuni pour exercer
cette industrie (12). La réputation des cartes de Lyon
devait être bien établie au loin, car un jeu de cartes
de Lyon avait été donné en 1454 à Charles VII (13),
et le roi René fit acheter en 1476 « ung jeu de cartes
de Lyon pour Hellène (14) » au prix de onze gros
d'argent.

   (11) Le frolton était un tampon de drap ou de crin dont le cartier
se servait pour imprimer sur le moule.
   (12) La fabrique de cartes à jouer était encore importante au
xvi e siècle, et les cartiers, maîtres et compagnons, étaient nombreux.
A l'entrée de Henri II et de Catherine de Médicis à Lyon en 1548,
ils avaient leur place dans le cortège; ils marchaient, au nombre
de cent soixante-douze, précédés de leurs taborins, fifres et enseignes,
« habillez de blanc et noir, le plus de velours et satin ». Les
cartiers faisaient alors en même temps un ouvrage singulier; ils
garnissaient les fenêtres de papier (« engressez d'huile »). En voici
des exemples : Guillaume de Bierces, cartier, fit en 1531 « des
chassiz... en papier tant en la salle du consulat que en la chambre
des papiers » (Archives de Lyon, CC 817). En 1542, un autre
cartier, Antoine Godin, a « refaict en papier et collé » ces châssis
CC 954)-
   (13) Nous ne connaissons pas le mandement d'après lequel le
fait a été établi. Nous tenons ce renseignement du marquis Léon
de Laborde.
  (14) Mémoriaux du roi René. Nous ignorons quelle était cette