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SUR HENRI HIGNARD 25$ M. Hignard, je voudrais en signaler quelques-uns qui me semblent plus particulièrement intéressants. C'est, en 1888, une charmante étude sur son ancien élève M. Alphonse Daudet, à propos de Trente ans de Paris à tra- vers ma vie et mes livres. Le maître avait conservé le plus sympathique souvenir du jeune rhétoricien de 1856, aux allures un peu féminines, à l'esprit fin et original. C'est à propos de lui qu'il écrivait à un autre de ses anciens élèves : « J'ai pour vous tous des entrailles de père. » Dans ce travail, il parle de la jeunesse de M. Daudet, de son premier livre les Amoureuses, de sa facilité à exprimer en jolis vers des idées ingénieuses et tendres. Il cite la charmante Odelette aux petits enfants, et dit un mot de la Double conversion, composée pour le salon du duc de Morny et sous son inspi- ration. Ces vers qui sautillent si gentiment et fourmillent de traits heureux, font penser à un Gresset du xix e siècle. Chez M. Alphonse Daudet, le charmant conteur et le romancier, dont M. Hignard analyse avec la même sympathie les pre- mières œuvres, ne doivent pas nous faire oublier le poète. C'est encore à ses souvenirs personnels qu'il faisait appel plus tard, dans une étude sur Baudelaire {Revue du Lyon- nais, I er juin 1892), qui avait été son ami d'enfance et son camarade au collège de Lyon. Il explique et excuse par l'histoire de l'homme les écarts de l'écrivain. Son âme haute et noble avait le sens des grands côtés de la vie; mais, mal dirigé dans sa jeunesse, aigri, lancé à Paris dans un milieu néfaste, il avait gâté son beau talent par une recherche prétentieuse de sentiments exceptionnels et d'idées excentriques. Quelques-uns de ces articles avaient fait l'objet de lec- tures très goûtées à la Société scientifique et littéraire de Cannes. Je voudrais en rappeler deux autres encore. L'une,