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SUR HENRI HIGNARD 15 3 aborder sans se perdre dans un grand nombre de vues aventureuses, de conjectures hasardées, de systèmes souvent contradictoires. M. Hignard croyait « que le bon sens fran- çais a un rôle à jouer dans l'érudition comme en toutes choses, ne fût-ce que celui de recueillir, avec la simplicité d'une raison non prévenue, les vérités mêlées à tant d'erreurs. » — « Nous sommes exigeants, nous autres Français, dit-il ailleurs, en fait d'ordre et de méthode; c'est le premier besoin de notre esprit. » Gardons-nous de prendre au mot sa modestie et de croire qu'il n'ait fait qu'élucider les travaux de ses devan- ciers. Souvent il détruit leurs hypothèses et y substitue ses vues personnelles, dont il démontre soit la certitude soit la très grande vraisemblance. Beaucoup de questions intéressantes se rattachent en effet à ces hymnes. Ils sont « une précieuse source d'in- formations sur les fables et les idées religieuses de la Grèce antique. » L'Hymne à Demeter, par exemple, est le plus ancien témoignage sur les rites et les traditions reli- gieuses d'Eleusis. De plus, ces poèmes sont les seuls monu- ments d'un genre qui a tenu une place considérable dans la vie du peuple grec, à une époque qui touche à celle des grandes épopées. Ils remontent en effet à une antiquité reculée, même ceux que M. Hignard incline à attribuer à Cynœthus de Chio ou au Lesbien Terpandre (vue siècle avant J.-C.) La plupart des autres hymnes sont probablement l'œuvre de ces chantres que l'on a appelés Homérides et qui, conti- nuant les traditions du maître, popularisaient ses chants en y mêlant quelquefois les leurs. Quant au poète lui-même, on peut lui attribuer, en se basant sur des présomptions positives, les deux grands hymnes en l'honneur d'Apollon Délien et d'Aphrodite.