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                       SUR HENRI HIGXAKD                   15 I

du poème philosophique. Ce que nous devons lui deman-
der avant tout, c'est de s'attacher aux notions claires,
simples et vraies sur Dieu, sur l'homme et sur le monde,
de ne pas se perdre dans des raisonnements subtils et de
contempler les choses de haut. Dans ces conditions, la
poésie peut devenir l'utile auxiliaire de la philosophie, lui
prêter son charme insinuant et travailler avec elle à instruire
et moraliser les hommes.
   Cette thèse, écrite dans un latin élégant et clair, fut fort
appréciée. Quelque temps après, dans sa leçon d'ouver-
ture à la Sorbonne, M. Patin, parlant de Lucrèce, s'expri-
mait ainsi : « Il y a là des trésors d'imagination et de
poésie qui ont été mis en lumière dernièrement dans une
thèse soutenue, devant notre Faculté, par un savant et spiri-
tuel professeur de la Faculté de Lyon, M. Hignard. Il a très
bien montré comment Lucrèce avait réussi, dans une expo-
sition de nature si abstraite, à répandre sur les matières les
plus obscures et les plus arides la clarté, la grâce, l'agré-
ment, l'intérêt. »
   Dans la thèse française, les Hymnes homériques sont de la
part de M. Hignard, comme le dit M. Sainte-Beuve (5)
« le sujet d'une savante étude et d'un examen vraiment
critique. » Ce travail, qui forme un volume de trois cents
pages, assurait à son auteur une place importante parmi les
savants que l'Université de France peut à juste titre opposer
aux philologues étrangers. Ceux-ci, d'ailleurs, à partir de
ce moment, ne firent pas difficulté pour le reconnaître
comme un des leurs. Plusieurs lui demandèrent communi-
cation de ses travaux. Déjà, quand il était allé à Leyde,



  (5) Nouveaux lundis, t. X, p. 67, note.