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 144                NOTICE BIOGRAPHIQUE

  ses amis. Ils y trouvaient toujours le plus gracieux accueil,
 soit qu'ils vinssent chercher des conseils auprès de leur
 ancien maître, soit qu'ils cédassent au désir de jouir pen-
 dant quelques instants de sa conversation si enjouée et si
 intéressante. Quelquefois, comme tout homme dont la
 pensée s'exerce activement, il était préoccupé ou éprouvait
 la fatigue d'une journée laborieuse. Il n'en paraissait plus
 rien, dès qu'il sentait que sa parole pouvait faire quelque
 bien. Il s'animait alors et discutait à fond, avec une élo-
 quence simple et pénétrante et une grande élévation d'idées,
la question sur laquelle on le consultait. Il terminait par
 des conseils pratiques dont on reconnaissait toujours la
sagesse. On sortait de là charmé, éclairé et fortifié.
    C'est dans cette hospitalière demeure que M. Heinrich,
jeune professeur suppléant à la Faculté des lettres, venait
souvent, le soir, se reposer de ses travaux et donner carrière,
pendant quelques instants, à son aimable et simple gaieté.
C'est là aussi qu'un peu plus tard M. Froment, professeur
au Lycée et qu'un préceptorat princier devait mettre en
évidence quelques années après, venait répandre le charme
de sa verve spirituelle et de sa brillante causerie.
    Mais, entraîné par cette digression, je touche ici à une
époque un peu moins reculée. La suite de notre récit nous
ramène au moment où M. Hignard allait passer de la
classe de seconde à la chaire de rhétorique. On me per-
mettra de m'arrêter un moment à cette nouvelle période de
sa vie, à laquelle se rattachent le plus directement mes sou-
venirs personnels. C'est là, d'ailleurs, que M. Hignard
donna toute sa mesure. Il fut un professeur de rhétorique
incomparable.
    Quel était donc son secret pour s'emparer à ce point de
l'esprit de ses élèves? Comment se fait-il qu'un grand