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444 CHRONIQUE LOCALE décadence, empreintes souillées d'un génie dégradé; de cet art là , nous ne voulons pas; mais de l'art qui élève, qui poétise la nature ; de l'art qui n'éveille que des idées pures, nobles ou enthousiastes, qui fait comprendre la grandeur de Dieu, la richesse et la magnificence de ses créations, les privilèges de sa créature, l'ordre, l'harmonie, la beauté des œuvres du Seigneur ; qui étudie l'homme dans la variété infinie de ses actes, de ses passions, de ses grandeurs, de ses petitesses, de ses luttes, de ses triomphes; gui descend sans s'abaisser jusqu'au loseau, jusqu'au brin d'herbe, en passant par la nature entière, source féconde et inépuisable de sensations et de sentiments tour à tour doux et forts, humbles et puissants; cet art là , nous en revendiquons notre part, et nous l'affirmons compatible avec la plus sincère, la plus austère observation de nos principes protestants, en matière de doctrine et de foi. » Nous nous arrêtons sur ces belles paroles, mais à notre tour nous protestons contre toute tendance de l'auteur à insinuer que cet art immoral qu'il condamne à si juste titre appartient à la croyance catholique. Quoique Naples possède un musée d'obscénités, quoique l'Italie et la France aient produit nombre d'œuvres qu'un Savonarole serait excusable de vouloir faire brûler, nous repoussons toute soli- darité entre le catholicisme et le relâchement des moeurs. Jules Romain n'était pas catholique, dans la grande acception du mot, pas plus que Voltaire, Eugène Sue, Musset, Soulié et toute cette école qui a produit Madame Beauvary, Monsieur Alphonse, la Belle-Hélène ou Madame Angot. Ceci dit, nous voudrions que ces quelques lignes que nous venons de transcrire fussent imprimées et affichées dans toutes les écoles des Beaux-Arts. Nous n'aurions pas à nous plaindre de l'affreuse décadence dans laquelle nous sommes plongés aujourd'hui. — Et enfin, l'Armoriai de l'Ain a paru. Cette fois, rectifications admises, cartons refaits, feuilles retirées, le grand ouvrage aux six cents blasons affronte les regards du public, offrant le nom et les ori- gines de toutes les familles de la Bresse, du Bugey, de la Dombes et par conséquent du Lyonnais. Nul doute que ce livre, qui aurait dû être fait par une douzaine de Bénédictins et coûter un laps de temps de cinquante années, ne prête le flanc à quelques critiques de détail; mais tel qu'il est, il fait honneur à son hardi et infatigable auteur, M. Révérend du Mesnil. Après avoir déposé une pareille publication chez les libraires, on peut se frotter les mains avec satisfaction et se reposer quelque temps. Beaucoup même, que nous connaissons, se reposent et jouissent de leur gloire, et cependant sont loin d'en avoir tant fait. — On nous communique le billet suivant : « Comme vous écrivez adposteros, vous devriez rectifier ce que dit la Revue dans son dernier numéro : M. Chenavard n'a jamais été professeur à Paris » — nous rectifions pour nos lecteurs de l'an 2000- A. V. Lyon. — Imprimerie V1NGTRINIER, directeur-gérant.