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LE CINQUIÈME CENTENAIRE DE PÉTRARQUE. 243 dérées comme une des bases de l'édifice social, puis- qu'elles disposent de tous les ressorts de la vie politique et religieuse. Enfin, les papes faisaient ouvrir des routes ou réparer ces grandes voies de communication tracées par les Romains et qui, passant par Aix ou par Apt, ve- naient à Arles, de Briançon ou de Nice. Aussi, le com- merce et l'industrie prenaient-ils le chemin d'Avignon, où les magnificences de la cour pontificale et le va-et-vient continuel d'une foule d'étrangers établissaient un marché de premier ordre On se souvient encore beaucoup de tout cela à Avignon, et, comme une opinion un peu exagérée appelle toujours l'opinion contraire, M. de Lapommeraye a-t-il eu quelque raison de dire qu'en ce pays il ne poussait que des lis et des coquelicots. C'est dans un pareil jardin, et en ayant soin de n'écraser ni les uns ni les autres,que M. de Berluc-Pérrussis a tenté de faire reverdir pour un instant le laurier de Pétrarque. Mais, au soleil du Midi, les lis et les coquelicots, ces der- niers surtout, ont des allures de sensitives et, à la seule vue d'un étranger, ils se sont campés sur leur tige, en laissant échapper une légère odeur de doute et de malveil- lance. Pourtant, crainte des u n s , espoir des autres se sont dissipés comme un brouillard à la lumière du cortège triomphal du poète et du poète seul. La poésie planait au- dessus d'une certaine politique qui n'a plus trouvé pour se manifester que quelques anciens couplets, des mots rageurs et une lettre très-ridicule venue d'une petite île de la Méditerranée 11 fallait, du reste, être bien étrangement doué pour se méprendre sur le caractère de ces fêtes, surtout dans cette première journée, qui, pour moi, les a résumées toutes. Littérateurs et amis des lettres se sont rencontrés à l'en- droit où un maître avait chanté l'amour le plus pur dans le plus chaste des langages. Ils se sont sentis contents de ne pas être trop coudoyés, et, au milieu d'une liberté et