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304                       VICTOR DE LAPRADE
frais et joyeux, tout empourprés du jus des grappes, qui
vont des chars aux paniers, qui reviennent des paniers aux
chars.
                                  ERANTZ.

          Laissez grandir l'enfant, laissez vieillir le vin !
          Pour qu'au déclin des jours ce fils, en qui j'espère,
          Verse une ardeur encore, avec ce jus divin,
          Dans le sang rajeuni de l'aïeul et du père...

   Les vapeurs de novembre répandent leur fraîcheur sur la
plaine, et le laboureur ensemence et féconde son champ
avant de s'y coucher lui-même. Mais voilà qu'il s'arrête et
s'agenouille au milieu d'un sillon inachevé. Le long du che-
min creux un nombreux cortège de parents et d'amis conduit
au cimetière l'aïeule vénérée.

                             FRANTZ A BERTHE.


      Ah ! reçois à cette heure, avec ma plainte amère
                     D'un bonheur envolé,
      Tout mon cœur dans un mot : Dieu m'a repris ma mère,
                     Et tu m'as consolé.

                             BERTHE A FBANTZ.


               Et moi dans un mot je rassemble
               Les plus saints noms et les plus doux :
               J'ai mon père et ma mère ensemble
               Et mon frère en toi, mon époux !

                             FRANTZ A SES FILS.

      A genoux, mes enfants ! Donnez aux morts augustes
                   Vos premières douleurs.                        " *
      Vous devez un sang pur aux vertus de ces justes ;
                   Qu'ils aient au moins vos pleurs !

      Demandons nos vertus au tombeau de l'ancêtre !
                    Offrons-lui nos remords !
      Dieu sème au fond des cœurs le bien qui doit y naître
                   Dans la saison des morts,