page suivante »
LA MONTÉE DU GARIIXAN 405 ses ont un grand charme pour mon esprit. J'en fais le sujet de promenades agréables, et j'aime a parler de ma chasse aux vieux souvenirs. Je prierai donc mes lecteurs de par- donner à un vieillard son gariglione archéologique, et d'es- sayer eux-mêmes le plaisir que l'on goûte .dans ces excur- sions historiques et patriotiques. Au reste le monde, qui méprise de semblables occupations, peut se rassurer ; chaque jour la manie d'exploiter les susdites vieilleries lyonnaises s'efface de plus en plus devant l'invasion victorieuse du positivisme, et le mépris poursuit les rares originaux qui osent encore employer leur temps aux recherches archéolo- giques. A l'appui de cette opinion, je peux citer un des plus beaux cercles de Lyon qui, voulant opérer des économies, en a fait une de vingt francs par an, en se désabonnant a la Revue du Lyonnais. Ce fait prouve parfaitement la marche ascensionnelle du progrès, et dans quelques années on ne saura plus ce que signifia le mot archéologie, qui deviendra peut-être synonyme de saleté. Posl-Scriplum. —2 décembre 1873. Depuis que ces lignes ont été écrites, on m'a raconté qu'un membre du cercle susdit, un homme intelligent, qui se permet de passer une partie de son temps dans le domaine des lettres, fut étonné d'apprendre la suppression de la Revue du Lyonnais. Choqué de cet acte autocratique d'igno- rance et de positivisme, il annonça qu'il donnait sa démis- sion. Le prix d'abonnement au cercle étant de 150 francs par an, un simple calcul établissait que l'économie de vingt francs occasionnait une perte de 130 francs. Alors les habi- les calculateurs et administrateurs du cercle se sont aussitôt réabonnés à la publicalion mensuelle, supprimée par les sectateurs du progrès utilitaire. Voilà ce qu'on appelle savoir faire ses affaires ! Paul SAINT-OLIVE.