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306             NOTICE SUR E.-L.-M. PATRIN.

trône craquait sur ses bases et nos institutions se méta-
morphosaient à la faveur d'une conspiration de sentiments
et d'effervescence populaires. La noblesse abolie, le clergé
dépouillé, le divorce autorisé, le mariage déclaré contrat
social, les registres de l'état civil enlevés à l'Église, les
maîtrises supprimées, les assignats ne suffisant plus pour
combler la dette publique : tel était le bilan politique. Le
10 août 1792, le peuple français fut invité à former une
Convention nationale; et le 21 septembre, s'ouvrait la pre-
mière séance composée de 749 membres, déclarant la
déchéance de la royauté. Parmi ceux-ci siéga Patrin que,
nouvel Abdolonyme, on avait amené sur les bancs du
centre — appelé la plaine ou le marais — à la tête duquel
se trouvait Boissy d'Anglas, à côté du petit nombre
d'hommes restés calmes dans le débordement, où il se fit
remarquer par la modération de son langage et la sagesse
de son attitude. Car, pour ne pas donner un démenti à son
passé, lorsque vint ce jour lamentable où fut décrétée la
mort de Louis XVI, il vota pour le bannissement : son nom
aida aussitôt à grossir la liste des suspects. Quelques mois
 après il était proscrit, sous le prétexte d'avoir excité les
 Lyonnais à la révolte. Complice de Chasset, son compa-
triote, il avait trempé, disait-on, dans la réaction de la
 Gironde qui tentait de soulever les âmes indépendantes
 contre le despotisme féroce des Jacobins. On l'accusa de
 trahison. Il ne put sauver sa mère, qu'en cédant la maison
 de cette femme respectable — qui mourut de frayeur en
 1793, — et se sauver lui-même qu'en se tenant caché
 puisque sa tête était mise à prix.
    Peu à peu, cependant, la tourmente révolutionnaire
 s'apaisa, ; et lorsque la foudre eut cessé de gronder, il
 reparut. Mais on ne l'avait pas oublié.
    Le Comité de salutjpublic l'envoya commissaire ordon-