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                  JSHTRÈS B'ANGE POTITIEN.                 423

   Mais tandis que le malheureux poète contemple avec
trop d'ardeur lé héros sublime, sa vue s'éteint, la crainte
étouffe sa voix, une sueur glacée coule dans ses membres;
et le généreux Achille, affligé de le voir frappé de cet aveu-
glement soudain, le reçoit sous son bouclier. Ne pouvant
rompre le rigoureux décret du ciel, il dédommage l'enfant
sacré d'Aonie, en inspirante son âme une lumière divine.
Il lui donne le bâton puissant que le grand Tirésias,
devenu aveugle comme l u i , pour avoir osé porter ses
regards sur Minerve nue, avait reçu jadis en échange de
la clarté des cieux. A l'aide de ce bâton prophétique^ le
jeune élève du Pindé marche d'un pas sûr, et l'enthou-
siasme sacré dont il est plein, 1-e console de son malheur.
Il chante le plus grand des Eacides, il l'élève à la hauteur
dés astres, ; itlereprésente armé de toutes ses foudres, sur
un char indompté* moissonnant les enfants de Dardanus,
éclipsant tQUsleé Grôcs, enlevant l'admiration de l'univers.
Il peint d'abord d'un trait rapide le sujet de la colère
implacable de.son héros, et la peste qu'un Dieu vengeur
envoie aux peuples, etla; fierté de l'amoureux Agamemnon.
Il nous montre le fils de Thétis bouillonnant de fureur,
lançant des regards étincellants, tout prêt à percer le flanc
de l'orgueilleux Atride, si une Déesse n'arrêtoit son fer
irrité.- Il nous fait entendre les discours amers de ces
deux grands rivaux, dont la sagesse de Nestor, comme un
 baume salutaire, veut guérir l'âme ulcérée. Il nous fait
 trembler de la rage d?Achille quand on lui arrache sa
maîtresse. Il varie son intérêt en nous apprenant ensuite
les honneurs que Thétis sollicite pour son fils, et la cause
du ressentiment de Junon, et celle pour laquelle l'insidieux
Morphée vient endormir Jupiter sur l'Ida, et par quel heu-
reux mélange de douceur et d'énergie l'éloquent Ulysse
entoaîne les Grecs. »             >
  L'auteaï continué ce tableau animé de l'Uiadej où nous
assistons à tous les phénomènes d'une civilisation plus
avancée que ne paraît le comporter le siècle, auquel on