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 408               ÉPITRES D'ANGE POLITIEN.

 fécondes, et qui fournissent une quantité de fromages
 suffisante pour la consommation de la ville de Florence et
 de ses environs, en sorte que l'on n'est plus obligé, comme
 autrefois, de s'en procurer de la Lombardie. Une espèce
 de porcs, que l'on y nourrit avec du petit lait, y parvient à
 une grosseur extraordinaire. La campagne est très-abon-
 dante en cailles et autres oiseaux, particulièrement en
 oiseaux aquatiques, en sorte que l'on peut s'y donner le
plaisir de la chasse sans aucune fatigue. Laurent a aussi
peuplé les bois de faisans et de paons, qu'il s'est prpcurés
en Sicile. Ses vergers et ses jardins sont de la plus grande
richesse et s'étendent le long des bords de la rivière. Ses
plantations de mûriers sont tellement étendues, que nous
pouvons espérer de voir , avant qu'il soit longtemps ,
diminuer le prix de la soie. Mais à quoi bon continuer
cette description? Venez vous-même.contempler ce séjour
admirable, et vous conviendrez, comme la reine de Saba,
lorsqu'elle alla voir Salomon, que la vérité est encore
au-dessus de la renommée. »
    A côté de cette description, toute prosaïque de Verino,
 il faut lire les poèmes où la villa de Laurent, semblable
 aux jardins d'Alcinoûs, fut souvent chantée dans la langue
 des dieux. Celui que Laurent composa lui-même n'est
 surpassé que par la Sylve de Politien, dont le chanoine de
 Rancé a laissé la traduction inédite, et que son auteur
 avait intitulée Ambra, parce que c'est là qu'il l'avait com-
posée. Voici comment elle se termine :
    « Poursuis, digne favori des muses, héros qui fais toute
ma gloire, poursuis, ô Laurent, tes nobles entreprises.
C'est à tes soins que nous devons le canal admirable qui,
pénétrantà travers les montagnes voisines, tient suspendus
dans son cours les tributs des ondes et les porte dans les
riches prairies qui terminent la plaine élevée en amphi-
théâtre. Garantie par des digues nouvelles et entourée de
toutes parts de fossés abondants en poissons, elle voit errer
paisiblement dans son enceinte la vache de Tarente, dont