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390                LA. MONTÉE DU GARILLAN

 fêter l'illustre personnage qui honorait la ville de sa pré-
sence, et l'on donna un tournoi dans une prairie de la
Guillotière, située près de la Magdeleine, le 20 juillet 1494.
Bayart s'y distingua par son adresse, et acquit une brillante
réputation. Il pouvait bien être déjà le chevalier sans peur,
mais il n'était pas encore sans reproche. En effet, on doit
avouer que sa conduite à l'égard de son oncle, abbé d'Ainay,
auquel il soutira peu honnêtement une somme considérable,
afin de paraître dignement dans cette fête, aussi ridicule que
nos courses contemporaines, n'indiquait pas une haute mo-
ralité ; mais il n'avait que dix-sept ans, et alors, comme
aujourd'hui, quand il s'agit de paraître dans le beau monde,
on ne se montrait pas bien scrupuleux, et une belle toilette
était le née plus ultra de la dignité masculine et féminine.
Quoi qu'il en soit, a la suite du tournoi son nom resta célè-
bre, et les belles dames qui l'avaient vu h l'Å“uvre se disaient
entre elles : Fey-vo ceslu malotru, il a mieulx {ay que tous
los autres.
    Bayart entra ensuite dans l'armée active et se distingua
par sa bravoure. Je ne le suivrai pas dans sa carrière mili-
taire, et je vais simplement raconter un de ses exploits,
dont la publicité a bien pu devenir l'origine du nom de la
montée du Garillan. Un conflit avait éclaté entre la France
et l'Espagne, et le royaume de Naples en était le théâtre. Sur
la fin de cette guerre, en 1503, les Français campés d'un
côté de la rivière du Garillan, et les Espagnols de l'autre,
s'observaient mutuellement et attendaient l'occasion de s'em-
parer d'un petit pont qui les séparait. Les Français, atti-
rés dans une embuscade abandonnèrent le côté du pont
près duquel ils campaient ; mais Bayart, soupçonnant une
ruse de la part de l'ennemi, se dirigea vers le pont avec un
de ses officiers, Pierre de Tardes, et il aperçut bientôt un
corps de cavalerie qui s'avançait. Aussitôt, il envoya le sus-