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VICTOR DE LAPRADE 375 Par qui l'âme a senti, souffert, lutté, vaincu, Venez ! assez de jours la Discorde a vécu. L'Amour a tout guéri, l'être a retrouvé l'être Flots épars en tous lieux, Où l'exilée a bu, revenez à la source ! Oiseaux, rentrez au nid ! Bayons qui de sa course Eclairez les détours, ô peuple universel, Rentrez dans l'unité de l'astre paternel ! Vous, mondes ; vous soleils ; toi, globe des humains, Germes errants dans l'air sans trouver vos chemins. Ames des feux éteints ; fleurs sèches, races mortes, Venez à flots presses, l'Olympe ouvre ses portes ; Habitez en un seul réunis pour toujours ; II n'est plus aujourd'hui deux peuples, deux séjours : Ici joie et clarté, là souffrance et mystère, Dans l'azur un Olympe et dans l'ombre une terre. Pour l'éternel palais de l'être universel, Il n'est plus qu'un seul monde, et ce monde est le ciel. Voiià ia nature entrevue sous un aspect jusqu'alors in- connu. La voilà toute nouvelle, telle qu'elle est sentie par un poète unique. Cette personnification n'avait plus sa raison d'être dans un poème purement me'taphysique. 11 fallait donc que la nature et l'âme lussent deux sœurs. Il fallait que l'à me restât ou redevînt Psyché. Et de ses frais pensers ne fît point de mystères A ces plantes ses sœurs, à ces oiseaux ses frères. Le poète arrivait 1k irrésistiblement sur la pente de son génie. Il laissait un corps à l'âme, il donnait une âme à la nature, ettoutes deux se rencontraient dans un embrassement fraternel. A la vérité, le vêtement de la première l'enveloppait trop étroitement, mais le souffle divin de la seconde nous appor- tait sur son aile une telle voix de poète qu'on n'en avait pas encore entendu de semblable. Victor de Laprade a trouvé la veine, il va la suivre et l'ex-