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308              NOTICE SUR E.-L.-SI. PATRIN.

   Dénué de secours, quoique très-sobre, il en fut bientôt
réduit à solliciter auprès de Chaptal, alors ministre de
l'intérieur, pour le prier d'augmenter de six cents francs la
pension de douze cents dont il jouissait. Son Excellence
répondit d'un ton laconique : « Je ne puis rien ajouter à
la faveur du gouvernement. » (41 ventôse an II).
   Alors sa santé s'altère, le spleen s'empare de lui ; il s'en
va dans le Midi. On le voit à Toulon et à Marseille, dans
l'automne de 1809.
   Le 1 \ octobre de cette année, il est à Avignon et visite
la fontaine de Vaucluse, en compagnie de M. Duport de
Villette, jeune avocat de Grenoble, et d'un lieutenant de
frégate. En passant, il prend des notes : « Cette fontaine
est à un petit quart de lieue du village, sous des montagnes
escarpées. Sur celle qui est au sud-est, au delà de la
rivière, on aperçoit les ruines du château de Pétrarque.
Un peu auparavant, sur la rive droite, on trouve enfouis
 dans la marne des rognons de silex, à couches concen-
triques, de près d'un mètre d'épaisseur. Du même côté,
des roches calcaires à couches fort minces, surplombent
tellement, qu'on a bâti dessous des maisons auxquelles ils
 servent de toit. On arrive ensuite sur le sentier rocailleux
 qui conduit au profond cul-de-sac où sourd la fontaine.
 Ce sentier passe snr une trentaine de sources plus grosses
 chacune que le corps d'un homme, et qui roulent avec
 fracas à travers des fragments de rochers pour former la
 Sorgue. Après ces sources s'élèvent de gros blocs de
rochers qui couvrent les eaux de la fontaine quand elle
déborde de son bassin, ce qui n'a lieu qu'à la fonte des
neiges. L'eau de celui-ci, qui a près de soixante pieds de
large, est ombragée par un figuier, et sur son bord posté-
rieur vient d'être érigée une colonne commémorative à la
 mémoire du poète. A quelques pas de là, est une pente