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224 ÉGLISE DE SAINT-SYMPHORIEN-LE-CHATEAU. ressentit violemment le contre-coup, et, si le siècle précé- dent avait été pour Saint-Symphorien l'ère de la prospérité, si nos pères avaient pu voir, avec une fierté qui se conçoit aisément, grandir et monler vers le ciel les murs de leur église, la tempête de 1562 faillit anéantir l'œuvre de leur foi, et laissa pour longtemps, au milieu d'eux, des traces de guerre et de dévastation. Les protestants avaient occupé Lyon, dans les premiers jours de mai 1562. Un détachement s'aventura au milieu de nos montagnes, et sa marche fut si rapide qu'il se présenta aux portes de Saint-Symphorien, avant même qu'on eût le temps de prendre les précautions les plus indispensables. Ce fut plutôt une surprise qu'une attaque en règle : aussi, les sectaires sentant bien qu'après la première heure d'éton- nement et de détresse, les habitants s'organiseraient contre eux, se mirent avec une sorte de ragea leur œuvre de des- truction. Ils dirigèrent leurs premiers coups contre l'église, qu'ils pillèrent indignement : les ornements et les statues des saints furent profanés et brûlés : la relique de la vraie croix fut heureusement préservée; mais le tombeau du cardinal fut renversé, et l'on n'a jamais su depuis où retrou- ver ses restes : son effigie en marbre, qui reposait sur le sépulcre, fut mise en pièces. Quelques-uns des notables essayèrent de défendre leur église : mais ils payèrent de leur vie cet acte de courage, et quatre d'entre eux, saisis par les protestants, furent préci- pités du haut du clocher : on montra longtemps des pierres et du bois que leur sang avait rougi. (Août \ 562). Qui peut dire où se seraient arrêtés la fureur de ces impies et leur acharnement contre tout ce qui leur reprochait l'éga- rement de leur foi? Fort heureusement, nos pères, indignés de tant de désastres, se comptèrent bientôt et parvinrent si bien à chasser de leur ville les calvinistes, que, malgré