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LES BIBLIOTHÈQUES DE LYON 171 la liberté opprimée par l'odieuse Convention (1), firent de cette salle une batterie et de ces livres des blindages ? Oui, tout cela est vrai, mais tout cela cache bien des mi- sères. Sous cette robe si belle se trouvent des haillons, et ce sont ces haillons indignes de notre grande cité que je prie la Commission municipale de faire disparaître sans retard. Je lui dirai également que la maison fait eau de toute part, comme l'Hôtel-de-ville, comme le Palais-des- Arts que cette eau détruit lentement nos plus beaux ouvrages; et j'ajouterai enfin que d'un jour à l'autre un immense incendie peut embraser la bibliothèque si mûre pour un incendie (1) Lorsqu'en 1795, Lyon envoya une adresse au gouvernement afin de faire arrêter l'exécution des mesures si désastreuses que nos proconsuls avaient prises pour ce qui restait de nos monuments, dont fa démolition avait été décrétée pour punir Lyon de son héroïque résistance à la Convention, ses magistrats dirent : « Lorsque, pendant « deux mois d'un siège trop mémorable, livrés à nos propres » ressources, sans pain, sans secours, nous vîmes d'un œil sec tom- « ber nos maisons, périr nos femmes, nos enfants et le sang le plus « pur inonder nos remparts, était-ce pour un roi que nous combit- « lions ? » (Monfakon, Hist. de Lyon, t. III, p. 1056.) En 1800, le premier président Vouty mandait aussi au gouverne- ment, comme organe du Conseil général du Rhône, lorsqu'on voulut imposer au commerce lyonnais des inspecteurs généraux ; « Le « commerce est inquiet, ombrageux, il aime la liberté, et quand on « le gêne, il cherche un asile qui lui plaise. Venise, la Hollande, les « villes hanséatiques, Gênes, Genève en sont de frappants exemples. « Lyon même n'a fleuri sous les rois que parce qu'il avait une liberté « réelle, sous le nom de franchises, libertés, qu'il nommait ses magis- « trats municipaux, son prévôt des marchands et qu'il se gardait lui- « même. Ainsi, quoi qu'en dise la calomnie, la postérité saura que « Lyon, en 1793, ne s'est battu que pour la liberté, et que c'est pour « cda qu'il a montré une si rare énergie. » (Eloge du premier prési- dent Vouty.)