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LETTRES ARCHÉOLOGIQUES SUR LE FOREZ. 137 taient qu'un leurre, une dérision, à peine une aumône que le prélat faisait U ses moines, après les avoir dépouillés. Devenu la propriété des seigneurs de Tournon, Saint- Sauveur cessa d'être lui-même ; ses maîtres l'absorbèrent et ils en firent leur chose. Ses titres, les cloches de l'église, tout désormais porta les noms des suzerains ; le monastère garda toute indépendance, mais en revanche, et comme pour lui faire oublier sa liberté ravie, ses nouveaux possesseurs lui donnèrent, par la sage et habile admi- nistration des Jésuites, quelques jours de prospérité d'une trop courte durée. Bientôt, en effet, survint la Réforme et apparurent à sa suite les meurtres, les incendies, les carnages. Ravagé par les bandes du fameux baron des Adrets, le pays de Forez eut fort à souffrir des guerres de religion, et tandis que le 2 aoùt.1562, le sire de Blaccon, un des lieutenants du terrible huguenot, s'emparait de la Chaise-Dieu, le baron promenait la terreur et la mort dans toute la con- trée qui s'étend de Saint-Etienne à Annonay. Arrivées, disent les vieilles chroniques, devant Bourg-Argental, les troupes calvinistes se disposaient à entrer dans la ville, lorsque la sainte Vierge, sous les traits d'une jeune fileuse, leur ferma la porte à l'aide de son fuseau. La mémoire de ce miracle est encore conservée de nos jours par un petit médaillon représentant la fileuse et qui, pri- mitivement placé sur une porte de l'ancienne cure de la ville, se trouve aujourd'hui incrusté sur la façade du nouveau clocher de l'église de Bourg-Argental, dû à la munificence de Msr le cardinal Donnet, archevêque de Bordeaux, que la cité des sires d'Argental se glorifie d'avoir vu naître dans ses murs. Cependant, s'il faut en croire une inscription existant • sur le soubassement de la colonne que l'on voit au