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138 LETTRES ARCHÉOLOGIQUES SUR LE FOREZ. Bessat, le baron des Adrets et les siens auraient été taillés en pièces par les habitants de Saint-Chamond sur le plateau du Bessat ou dans les parages voisins, Dans tous les cas, il est certain que Saint-Sauveur ne fut pas épargné dans les courses dévastatrices des partisans de la Réforme, car la tradition raporte qu'il fut par deux fois saccagé et pillé. En 1634, le prieuré eut l'honneur d'abriter sous son toit le plus illustre des Jésuites, après leur fondateur, le grand prédicateur saint François Régis, qui évangé- lisait alors le midi du Forez et spécialement les monta- gnes de Marlhes, Saint-Genest-Malifaux, le Coin, Saint- Sauveur, Bourg-Argental. On raconte que , par une sombre nuit d'hiver, le saint missionnaire se rendant à Saint-Sauveur, à travers les neiges et la tourmente, s'égara sur les côtes deBurdignes et fut contraint d'aller demander l'hospitalité1^ un pauvre paysan, au hameau du Cognet. Le lendemain, le voyageur oublia, en partant, le bâton de pèlerin qui avait guidé ses pas dans la nuit, et la maison où s'arrêta l'apôtre, est encore fière de mon- trer aujourd'hui, fortement raccourcie par la piété des fidèles, la précieuse relique de saint François Régis. Le saint séjourna pendant quelque temps à Saint-Sau- veur, et vous devez vous rappeler, monsieur le comte, qu'on nous montra à l'église un très-beau calice de la fin du seizième siècle, avec lequel le missionnaire offrit, dit- on , le saint sacrifice de la messe. Nous admirâmes en même temps un magnifique ciboire, reste du trésor de l'ancien prieuré, et une vieille croix processionnelle en argent d'un travail réellement artistique. Minés dans leurs fondements, ruinés dans leur pouvoir et dans leur indépendance, la moindre secousse suffisait pour renverser les instituts cénobitiques : de sa main