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 130       LETTRES ARCHÉOLOGIQUES SUK LE FOREZ.

 avaient déclaré qu'ils mettaient sous leur sauvegarde la
 Chaise-Dieu et ses dépendances, et le roi Jean, en 1361,
 Charles V, son fils, en 1366, accordèrent aux casadiens
 des lettres de protection, en désignant pour leurs gar-
 diens le sénéchal de Beaucaire et le bailli de Saint-Pierre-
• le-Moùtier.
    Néanmoins, malgré les vexations que lui faisaient su-
 bir la cupidité des seigneurs et les guerres des routiers,
 malgré les attaques dont elle était l'objet de la part des
 évêques envieux "de sa prépondérance, l'abbaye fondée
 par saint Robert n'avait fait que croître en renom et en
 puissance.
    Fille bien-aimée de la papauté, elle devint bientôt la
 rivale de Cluny, dont elle partagea la splendeur et l'éclat.
 Elle put avec orgueil, parmi les dignitaires de l'Eglise,
 compter nombre de ses enfants, et à une époque où ce-
 pendant commençait déjà à sonner pour elle l'heure de
 la décadence, elle vit, pour comble de gloire, un de ses
 anciens novices, Pierre Roger, occuper la chaire de Saint-
 Pierre sous le nom de Clément VI.
    Clément VI avait, en effet, reçu au monastère auver-
 gnat l'habit de saint Benoît, et l'on raconte que, revenant
 de Paris, d'où il rapportait le bonnet de docteur, et ren-
trant à la Chaise-Dieu, il fut arrêté dans la forêt de Ran-
dan, près Vichy, par une bande de voleurs qui le dé-
pouillèrent de tout son viatique. Recueilli par Etienne
Aldebrand, prieur du monastère de Thuret, situé non loin
de là, le jeune clerc ne savait, en partant, comment té-
moigner sa reconnaissance à son hôte : « Vous me le
rendrez , lui répondit gaîment le prieur ,| quand vous
serez pape ! »
   Le mot fut prophétique. Parvenu à la tiare en 1342,
Pierre Roger n'oublia pas Etienne Aldebrand. Il le tira