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472                  LES FEUILLANS DE LYON.

des marchands, pour juger Jean Olagnier, soldat de la garde
bourgeoise, lequel étant en faction avait tué d'un coup de mous-
quet le nommé Antoine Mayet. Le tribunal rendit une sentence
qui condamnait l'inculpé « d'absenler de la ville et faubourgs de
« la ville de Lyon pendant une année ; en outre à aumôner dix
« livres au pain des prisonniers et à pareille somme qui sera
« délivrée à la sacristie des Feuillans de cette ville, et employée
« à faire prier Dieu pour le repos de l'âme dudit Mayet, et en sa-
« tisfaisant au dit jugement, son mousqueton lui sera rendu, la
« batterie préalablement enlevée et cassée. »
   En 1723, une messe en action de grâces, pour le retour à la
santé du roi Louis XV, fut commandée par les échevins et de-
vait •laturellement être célébrée dans l'église des Feuillans qui ne
se trouva pas assez spacieuse pour contenir l'affluence qu'attire-
rait cette cérémonie officielle. Le consulat ne voulant pas priver
ses aumôniers du bénéfice qu'ils auraient probablement trouvé
en faisant une quête au milieu d'une nombreuse assistance, et
désirant aussi les dédommager d'une réduction de salaire opérée
sur les messes dites quotidiennement à l'Hôtel-de-Ville, il fut
décidé qu'une gratification annuelle de 200 livres leur serait
accordée.
   En 1753, l'ambassadeur de France en Angleterre, le duc de
Mirepoix, envoya un Anglais nommé Badger, pour importer l'in-
dustrie du moirage dont l'établissement fut projeté à Lyon. Le
consulat, qui entretenait d'excellentes relations avec les Feuil-
lans, leur proposa d'utiliser l'intérieur de leur cloître , ce qui fut
accepté moyennant un loyer de 1,300 livres. Plus loin je ferai
l'histoire de cette industrie jusqu'à l'époque présente.
   Cette aliénation locative de la partie claustrale doit paraître
d'autant plus étonnante que les Feuillans, quelques années aupa-
ravant, vers 1740, avaient déjà cédé une portion du terrain de
leur jardin à un entrepreneur qui s'engageait à y construire, à
ses frais, des maisons dont il aurait la jouissance pendant un cer-
tain nombre d'années afin de se dédommager, et après le terme
convenu elles devaient revenir à la communauté. (Descripl. de
Lyon, 1741.) Ces maisons bordent la Grande rue des Feuillans,