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               LE PAGE DU BARON DES ADRETS.              435

     -—Oui, madame.
    — Tu dîneras à la Part-Dieu, où jedonnerai des ordres ;
 puis, tu te promèneras par les Brotteaux, et lu ne ren-
 treras chez messire Jean de Tournes que ce soir. Si ou
 t'interroge, je compte sur ta discrétion; si on te punit,
je m'en charge.
    L'enfant, fasciné, heureux de la confiance qu'on lui
 témoignait, ravi d'être dans un secret qui lui donnait de
 l'importance, partit comme un trait, longea le bourg
 Chanin, traversa le péage de la Barre, le pont du Rhône,
où le poste, ne voyant en lui qu'un apprenti vagabond,
le laissa courir sans l'interroger, et, parvenu à l'entrée
de la Guillotière, remonta vers le nord à travers les
marécages et les saulées qui couvraient le commence-
ment de la plaine du Dauphiné.
    Tandis que Lyon, trop à l'étroit entre ses deux fleuves,
détruisait ses jardins, resserrait ses rues et élevait ses
maisons pour loger une population tous les jours plus
considérable et plus grande, une vaste plaine s'étendait,
nue et déserte, à ses portes, sans que nul osât, bourgeois
ou manant, s'y établir.
    C'est que plusieurs fléaux attendaient l'imprudent qui
serait venu bâtir dans ces terrains humides.
    La fièvre, d'abord, qui sévissait toute l'année et qui
frappait jusqu'au maigre et malheureux bétail lâché dans
les joncs et les fondrières.
    Puis, le fleuve, qui, plusieurs fois par an, se gonflait,
furieux, débordait, couvrait l'étendue jusqu'aux balmes
viennoises, et, de ses eaux glacées, grossies par la fonte
 des neiges et les torrents de la Suisse et de la Savoie,
feaèayait, comme uu fétu léger, toutes les constructions