Pour une meilleure navigation sur le site, activez javascript.
page suivante »
272                     DE L'HOMME.
intérieur. Que de gens gagnent à cette contradiction ! que
d'hommes y perdent ! Combien d'hommes gagnent même ou
perdent à ce qu'il y a, chez eux, d'harmonie entre l'homme
extérieur et l'homme intérieur !
   Il faut estimer chaque homme par ce qu'il vaut, non par
ce qu'il est ou ce qu'il possède. La fortune se joue de
l'homme de cœur et fait arriver des Thersites. Aucun mas-
que ne m'a jamais imposé; mais j'ai ardemment admiré
l'homme en place qui méritait sa place , l'homme célèbre
qui méritait sa renommée : j'ai goûté, dans tout sa saveur,
la joie pure de trouver associés les dons de la fortune avec
la valeur intrinsèque d'un personnage.
   La religion, qui nous enseigne qu'il faut aimer tous les
hommes en Dieu, nous apprend comment il est possible
d'aimer tous les hommes.

                             IL

   L'homme, sans la femme, serait en quelque sorte du pain
sans levain. La femme est deux fois la nourrice, et toujours
la compagne de l'homme. Elle en est la providence visible :
c'est elle qui le porte embryon, qui le nourrit enfant et
vieillard ; c'est elle qui, d'ordinaire, l'ensevelit. — La
femme est presque plus de la moitié de l'humanité.
   Le cœur de la femme a des forces que les muscles de
l'homme, que ceux de l'athlète le plus robuste n'atteindront
jamais : ni notre sensibilité n'égalera jamais sa tendresse,
ni notre commisération, sa pitié. L'homme est roi dans le
monde de l'intelligence ; la femme est reine dans le monde
du sentiment ; et ce qu'elle fait, dans ce domaine, est plus
grand que ce qu'on lui prête.
   On ne compte pas assez parmi les violences, la violence
de la douceur : je n'en connais pas de supérieure, ni même
de plus oppressive. On ne sait comment combattre la dou-
ceur, quand même elle est injuste. Ce genre d'oppression
est particulier aux prêtres et aux femmes : on peut juger