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                        FAVRE, VAUGELAS.                        205

 vés. Il lui fut attribué un sceau en cire bleue sur lequel
 devait être gravéel'image de son instituteur et protecteur,
Armand, cardinal, duc de Richelieu, et au contre-sceau,
 une couronne de laurier avec ces mots : à l'immortalité.
   Vaugelas, qui avait « une figure agréable et de l'esprit
comme la figure » y fut admis le 27 novembre 1634 : il
était digne de paraître en si belle assemblée, car toute
 son existence fut vouée à l'étude de sa langue : il passa
 sa vie « à codifier la langue française comme son père
avait passé la sienne à codifier le droit. Le Codex Fabia-
nus et le Dictionnaire de la langue française, à la compo-
sition duquel Vaugelas prit une part si importante, sont,
dit un éloquent magistrat (1), deux codes nés de la même
passion pour l'ordre. »
   En 1647, Vaugelas publia ses Remarques surla langue
françoise, Paris, Bilaine, au deuxième pilier, qui rendi-
rent à cette époque les plus grands services. C'est une
étude minutieuse et patiente qui signale la fortune d'un
grand nombre de phrases et de mots, en nous faisant as-
sister à leur naissance, à leur succès, à leur déclin. Sans
doute son œuvre a moins d'utilité aujourd'hui, puisque
les progrès du temps et de la civilisation ont condamné
quelques-unes de ses décisions. La théorie des Remarques
peut se résumer dans cet axiome : Un mauvais mot fait
plus de tort qu'un mauvais raisonnement.
   Les faits démontrent assez l'influence qu'obtinrent les
Remarques à l'époque de leur publication : peu de livres
eurent, en si peu d'années, autant d'éditions ; peu d'ou-
vrages ont été autant annotés, commentés ou continués
par des auteurs divers (2) ; aussi Pelisson disait-il en

  (1) Discours de rentrée du 9 novembre 1863, par M. Maure!, pre-
mier avocat général à la Cour impériale de Chambéry.
  (2) Remarques avee notes de Th. Corneille et Patru, 3 vol. in-12.—