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               LE PAGE DU BARON DES ADRETS.            429

 passion une lettre qu'elle prit sur sa table et qu'elle
 glissa dans sa poitrine. Vous prierez ponr qu'il revienne
 bientôt, délivré de tous les dangers qui menacent un
 soldat. Quant à vous, je vous cacherai dans ce vaste
 hôtel ; vous serez près de moi, sous ma garde et en
 sûreté; je vais aller au Bourg, où. je m'entendrai avec
 Louise; votre départ, votre voyage seront l'objet de tous
 nos soins.
    Pendant que la jeune fille rassurait ainsi ses deux
 compagnes, Marianne passait devant le couvent des
Jacobins, suivait la rue Confort et parvenait jusqu'à une
 vigne cultivée avec soin qui s'étendait de l'Hôtel-Dieu
jusqu'aux prés de Bellecour. Au nord de la vigne et
près de l'entrée de l'hôpital, s'élevait une corderie où de
nombreux ouvriers étaient occupés. Intimidée par leurs
chansons et par le bruit que fait tout atelier nombreux,
Marianne s'arrêta ; elle réfléchissait aux moyens de péné-
trer auprès de la maîtresse du logis et, promenant ses
regards autour d'elle, cherchait quelqu'un à qui elle pût
s'adresser, quand elle avisa un jeune enfant qui sautil-
lait légèrement un paquet à la main.
   Elle l'appela.
   — Pourrais-tu m'indiquer le logis de dame Enne-
mond Perrin ? lui dit-elle. Tu me ferais plaisir.
   L'enfant la regarda d'un air étonné.
   — Vous êtes bien polie pour une servante, vous, ré-
pliqua-t-il avec une méfiance et une curiosité qui la
firent rougir. Vous parlez plutôt comme une dame que
comme une domestique et vous êtes joliment propre pour
un jour ouvrier.
   — C'est qu'on m'a dit que la dame Perrin a besoin