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LE PAGE DU BARON DES ADRETS. 5S3 oui! Ah! un ordre... Blancon ! où est-il ? Montbrun... non... Blancon! achevai! pardon, Monseigneur, par- don, Mesdames, la trahison est découverte ! elle est là ! je la tiens 1 ajouta-t-il avec violence, je la tiens la trahi- son, et, cette fois malheur aux traîtres. Ah ! je suis tou- jours lé terrible baron des Adrets ! Lyon verra pis que Montbrison, que Feurs et que Montrond! Je savourerai ma vengeance, et cette fois ce n'est ni Gondé ni vous qui me l'arracherez! Et laissant l'assemblée stupéfaite, il sortit précipitam- ment. Pendant que Soubise et ses invités se regardaient consternés et se demandaient quel accès de folie avait frappé le général, pendant que les uns attribuaient ces paroles incohérentes et furieuses à la chaleur, à la mar- che forcée, et d'autres à l'émotion de voir un gouverneur au-dessus de lui à Lyon ; pendant que des empressés, des sympathiques et des curieux le suivent et l'accom- pagnent , Beaunaont ivre et chancelant descendait les marches du palais. Sur la place Saint-Jean son regard aperçoit, fixe et reconnaît Blancon , son fils, Blan- con, son ami, l'ingrat, le traître; il ne se possède plus, il ne se connaît plus, il saisit sa terrible épée, il court, le bras levé, et irappe de toute la force de sa main ; il plonge à plusieurs reprises, devant lui, la lame avide de sang, et comme frappé à son tour, au milieu de cris terribles, au milieu d'une foule qui se précipite et le saisit, évanoui et sans connaissance, il tombe tout d'une pièce sur le pavé. Àntonin THIVBL. (A continuer), 29