page suivante »
278 os L'HOMME.
transforme, soit; mais s'il faut que l'homme pariait sorte
d'un cataclysme du globe, nous avons le temps d'y pré-
tendre, et ce n'est pas à nos contemporains que nous le
devrons.
0 novateurs, je comprends à votre langage que vous
fûtes originairement des botes; mais, ô transformateurs de
la bête en homme, ètos-vous bien, sûrs de votre propre trans-
formation? Et n'est-ce pas, tu vous, la bête qui se sacri-
fierait l'homme ?
Si l'homme n'est qu'un singe perfectionné, pourquoi le
singe survit-il ? N'a-t-il pas fait son temps et son Å“uvre?
•— Quant le serpent change de peau, sa première pjau
périt; la grenouille fait disparaître le têtard qu'elle rem-
place ; le poulet qui croît, détruit son œuf; pourquoi
l'homme n'a-t-il pas absorbé le singe, son embryon? Pour..
quoi, tous les singes connus restent-ils singes? Pourquoi
les singes qui fréquentent l'homme ne sont-ils pas moins
singes, moins grossièrement singes que ceux des bois?
Qui donc a vu un singe sur le point d'être homme? Ou, si
le singe peut devenir homme, qui sait quand, ou comment?
si le singe a pu se perfectionner au point de se transfor-
mer, pourquoi pas l'insecte, le cheval, l'oiseau, le chien,
le loup, le bœuf, le bouc et tout le reste ?
D'où sortait le singe avant qu'il fût singe ? Ou si le singe
est né singe, comme le cheval est né cheval, pourquoi
l'homme n'a-t-il pu naître homme?
Si je voyais un membre de l'Institut sortir de terre tout
grand, je veux dire tout venu avec sa science, sa faconde
et son habit brodé, non-seulement je ne croirais pas au
pur hasard d'une naissance si rare, mais j'y verrais un pro-
dige. Ce prodige me montrerait bien mieux le doigt de
Dieu que la mystérieuse conception d'un ovaira, la pro-
duction d'un vivipare tel que l'enfant, souffreteux, n'ayant
que des sens, n'étant presque que matière et ne devenant
homme enfin (savoir, non moins âme que matière) que par
les transformations qu'il reçoit du temps, de l'éducation,