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              LE PAGE DU BARON DES ADRETS.               M l

    — Retourne maintenant, dit Louise ; et, lui jetant un
so! tournois, où seront-ils ? ajouta-l-elle.
    — A la Pierre aux Fées, répondit l'enfant; et., s'écar-
tant des voyageuses, il se perdit dans le fourré.
    — Pressons l'allure, dit Louise, et, rendant la main,
elle s'élança rapide à travers les sentiers qu'elle semblait
connaître.
    La Pierre aux Fées est une roche étrange, dressée à
l'extrémité des balmes viennoises, venue on ne sait
d'où, et objet d'un culte de la part de nos ancêtres les
Gaulois. Quand le christianisme eut fait la conquête du
pays, la pierre fut renversée, mais sa masse résista aux
injures du temps et des hommes, et aujourd'hui encore
elle est l'objet, sinon de la colère ou de la terreur des
habitants, du moins de la curiosité et de l'attention des
historiens et des savants.
    A cette époque, une crainte vague et indéfinie ré-
gnait encore autour d'elle, et nul n'aurait osé passer la
 nuit à son abri.
    Quand Louise et Marianne eurent gravi les balmes et
 furent entrées dans un pays moins humide et plus dé-
 couvert, elles gagnèrent l'endroit redouté ; aucun être
 humain ne s'y trouvait.
    Seulement deux vigoureux chevaux étaient attachés
 à un buisson ; à la selle pendait une épée; deux pistolets
 garnissaient les arçons.
     — Nous y voilà, dit Louise ; et sautant à terre avec
 prestesse, elle attacha sa monture à la place du cheval
 de guerre qui l'attendait, visita les armes et dit à Ma-
  rianne, qui en avait fait autant :
     — Maintenant, hâtons-nous.
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