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338 LV, PAGE DU JUKOH OKi AMïEÎS. peuplé d'aventuriers, où il était imprudent de s'aven- turer la nnit. Le capitaine avait, dans sa vie, bravé de plus imminents dangers; il pressa les flancs de son che- val et, franchissant les collines, se dirigea vers le cam- pement des huguenots. Pendant qu'il rendait, compte à Montbrun de son mes- sage, d'auires événements se passaient à Pierre-Scize. Beaumont, resté seul, Beaumont, plus épris et plus ému qu'il ne voulait se l'avouer, fit mander Marguerite au- près de lui. Un mouvement de révolte accueillit, chez la jeune fille, l'ordre qui la faisait paraître devant le géné- ral-, tout le sang de Fiavio bouillonna, et son regard de page audacieux et résolu s'alluma comme jadis dans la mêlée -, puis, la raison de ia jeune châtelaine triom- pha; la modestie et la dignité se peignirent sur son front, et ce fut d'un pas terme, mais calme, qu'elle marcha vers la salle où le baron l'attendait. — Vous étiez' malade, ce soir, dit Beaumont d'un ton où l'orage grondait encore, puisque vous nous avez pri- vés, au dîner, de votre présence? — J'étais, en effet, souffrante et triste, Monseigneur. — Souffrante, je le crois ; triste ? je ne sais qui aurait pu vous assombrir. Si le repos pèse à votre activité, Marguerite, je vous annonce, pour demain, notre entrée en campagne; tenez-vous prête à partir. —- Veuillez m'en dispenser, Monseigneur ; j'ai repris, à Lyon, les vêtements de mon sexe; j'ai dû en même temps.reprendre les vertus de la femme et surtout de la jeune fille. Inexpérimentée, je vous ai suivi, vous, mon protecteur, vous, qui m'avez sauvée et qui m'avez pro- mis de me rendre à ma famiile, si j'en ai une encore.