Pour une meilleure navigation sur le site, activez javascript.
page suivante »
                 M. GRÉGOIRE ET SES ÉCRITS.              297

ligent discernement, tout en n'écrivant rien. Ils forment
l'élite des lecteurs; dispersés dans Paris ou dans la pro-
vince, ils rendent, sans se concerter, les jugements défi-
nitifs; leur délibération est longue, j'en conviens, ils sont
plus enclins aux préjugés qu'à l'enthousiasme; ils assu-
rent un sage équilibre entre la tradition dont ils sont les
gardiens quelque peu obstinés et les progrès nouveaux
trop ardemment accueillis par le grand public. Tôt ou
tard, néanmoins, cet aréopage sévère répare ses injus-
tices du premier moment, et, soyez-en sûrs, la faveur
populaire ne sera pas durable pour un livre si ce livre
n'est destiné à prendre place un jour dans une de ces bi-
bliothèques choisies, entre des ouvrages qu'une main assi-
due aura feuilletés, suivant la méthode d'Horace :
         « Nocturna versate manu, versate diurna. »
   M. Grégoire, même dans ce rôle, servait donc la cause
des lettres, mais il était capable de produire de son pro-
pre fonds ; il a eu son moment d'activité, moment bien
court, interrompu trop vite par une profession de plus en
plus absorbante. Il n'a laissé que quelques pages ; ces pa-
ges, on me pardonnera de lés rappeler dans uneRevue con-
sacrée atout ce qui intéresse et honore le nom lyonnais.
   En 1833, un ami de M. Grégoire, déjà connu par des
travaux qui ne sent point oubliés, M.Collombet, édita, sous
le nom de Mélodies poétiques de la jeunesse, des extraits
de nos principaux poètes français, accompagnés de notes
et de commentaires. — Ces sortes de recueils, ces biblio-
thèques abrégées en deux ou trois volumes, où la critique
littéraire trouvait place à côté des modèles, étaient fort en
honneur à ce moment. Un inspecteur de l'Université de
France, M. Noël, publiait, dans cette année 1833, ses
Leçons françaises de littérature et de morale. Le savant
commentateur de Virgile, l'austère républicain, M. Fran-