Pour une meilleure navigation sur le site, activez javascript.
page suivante »
27(5                           DE L'HOMME.

  D'où est sorti le premier loup, le premier m o u t o n , le
premier bouc, le premier serpent, le premier lion, le p r e -
mier rhinocéros, le premier tigre, le premier phoque, le
premier crocodile? L'homme p h y s i q u e est-il une si g r a n d e
merveille que Dieu n'ait pu le créer qu'en s'y reprenant,
et, qu'à tâtons, pour ainsi dire ?
    Voyez pourtant la dextérité du Maître, et avec combien
peut de traits il compose la face h u m a i n e ! Un contour ici
p l u s étroit ; l à , p l u s large; u n e ligne plus oblique ou
p l u s droite; une teinte dans la peau ou dans les cheveux;
u n e légère courbe d a n s le profil ou la tête, voilà tout ce
qu'il faut pour que c h a c u n des milliards d'hommes qui
couvrent la terre, en soixante a n s , ait son cachet et ne
p u i s s e se confondre avec tel autre. Quel a r t ! et quel p r o -
dige d a n s cet art !
  On ne rencontre nulle part, en fouillant ,1a terre, des êtres
de t r a n s i t i o n , moitié s i n g e s , moitié h o m m e s par exemple;
sur quoi donc reposerait ce rêve de la transformation des
espèces ? Qu'on me montre une tête d'Apollon sur u n corps
de singe ou de satyre, et je croirai que l'homme a pu c o m -
mencer par être bouc ou s i n g e !
  L ' h o m m e , ce raccourci de l'humanité, cette intelligence,
ce c œ u r , cette volonté, ce roseau p e n s a n t qui se connaît et
connaît ses s e m b l a b l e s . . . n'être q u ' u n pur h a s a r d ! un pur
m é c a n i s m e ! l'égal d'un lézard, et q u ' u n végétal égalerait!
0 basse méprise ! ô délire de la raison ! 0 m e n s o n g e i n -
solent sur l'homme !
   Deux s y s t è m e s en présence : ]°. les générations s p o n t a -
n é e s , c'est-à-dire la n a t u r e enfantant par ses propres for-
ces, furtivement, — on ne sait comment, — un genre, le
genre a n i m a l , p a t e x e m p l e , d a n s lequel est compris
l'homme; 2" la transformation des espèces : c'est-à-dire,
des types primordiaux qui, dans des milliards de siècles,
se transforment en espèces s u p é r i e u r e s ; telle est la genèse
moderne de l ' h o m m e . Le second système n ' i m p l i q u e pas
plus l'impossibilité du premier, que celui-ci l'impossi--