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DE L'HOMME. 277 bilité de l'autre; seulement le second est incompatible avec l'expérience, les métis ne se reproduisant pas; mais qu'importe, au fond, que les créations soient spontanées ou successives? Ces créations veulent un créateur : plus je veux écarter le suprême créateur, plus il se montre. Je n'ai jamais pu voir pousser un champignon; quoi d'étonnant qu'on ne voie pas pousser des hommes ! Il est vrai que j'ai trouvé le champignon tout poussé, et que je n'ai jamais cueilli d'hommes sur pied. — 0 sottise de l'esprit humain, que vous êtes faite pour égayer le bon sens ! Dans le système des transformations successives, le poisson peut devenir un chat; le chat, un singe , le singe, un portefaix ; le portefaix un académicien : je saute sur les nuances ; car, que serait-ce, si le poisson devenait tout d'un coup le pêcheur? La nature qui connaît nos neris nous mesure nos admirations. On observe qu'en Amérique les mers se déplacent ; que, par conséquent, leurs bords baissent d'un côté autant qu'ils montent de l'autre ; mais l'axe des continents peut changer sans que la nature de l'homme change. C'est après la période glacière que naquit le genre hu- main. — D'où venait-il ? — « Il venait, dit M. Figuier (1), d'où était venu le premier brin d'herbe. » — C'est simple ; mais dans ces hautes matières, la simplicité d'esprit, c'est la justesse. Notre race est-elle définitive? L'ange remplacera-t-il l'homme sur la terre? Qui le sait, et sur quoi le pressen- tir? Les ignorants en parlent comme si c'était leur secret; les savants s'en taisent. D'après la cosmogonie (2), il ne faut pas moins qu'une révolution du globe pour l'enfantement d'un être nouveau : pour produire une création nouvelle, il faut que la terre se (1) V. La Terre avant, le Déluge, p. 399. (2) V. Ibid, p. 457.