page suivante »
DE L'HOMME. §75 certaines lois qu'on croit découvrir; cette déviation de la science qui prétend soumettre la sensibilité de l'homme à l'analyse; cette témérité de renouveler la morale comme l'opinion, la politique et le culte; cette fureur dô poser de prétendus principes, en des matières où tout est caprice ou mystère; ce monde moral qui ne semble poindre, pour la première fois, qu'à ceux qui ne l'observent pas, ou ne savent pas le comprendre; .cette démangeaison de trouver partout des erreurs, source elle-même de tant d'erreurs, ne datent pas de nos jours. Ce n'est qu'un réchauffé de nos vieux rêves d'il y a cent ans : ce sont des résidus de La- niétrie, des d'Argens, des d'Holbach et de leurs pareils (1) : ce sont les détritus d'un autre âge. Nos pères (2) imaginèrent l'homme-poisson dont leur siècle finit par riie d'assez bon cœur : il faut noter pour- tant que quelques-uns soutinrent que cet homme chimé- rique avait été vu (3). —.Nous préférons, de nos jours, l'homme-singe : personne ne l'a vu, personne ne le^erra, quelques-uns y croient comme aux médiums et aux tables tournantes; il est des gens qui ne sauraient vivre sans quel- que crédulité basse ou grotesque. L'homme est-il né du polype? Ou bien d'une monade? N'est-ce qu'un singe perfectionné par l'action des âges ? Ceux qui agitent ces questions, ceux surtout qui les résol- vent par une chimère , ceux qui se croient singes ou po- lypes, sont naturellement plus près du polype et du singe que de l'homme. Si l'homme est sorti d'un singe, d'où, est sorti le singe lui-même? ou, si le single est sorti d'un premier singe, pourquoi l'homme ne sortirait-il pas d'un premier homme ? (1) VoirLacretelle, Eist. êu'XVWsièele, 3-2. (2) Voir Telliamed (de Maillet), et son système, p. 339, sur les tritons ou hommes marins. (3) Delisle de Sales l'écrivit et cita son garant; Telliamed en Mt autant p. 834 et suiv.