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274 BE L'HOMME. l*homine d'autrefois, ou qu'il faut à leurs idées chiméri- ques, un homme chimérique comme leurs idées. Montaigne ignorait donc l'homme nouveau qui se révèle pourtant de- puis trois cents ans (1), selon tel docteur î Pascal, La Rochefoucauld, Bossuet, La Fontaine, Corneille, Fénelon, Molière, ne les soupçonnaient pas ? Comment î cette grande révélation de l'homme nouveau (2,) né depuis trois cents ans, date à peine de dix ans ! Cela n'est-il pas bien merveilleux, surtout bien nouveau lui-même ? L'auteur en vogue d'un Voyage en Angleterre, nous ap- prend que tout se renouvelle autour de nous et que depuis trois cents ans (depuis la Réforme) la science do l'homme même se refait chaque jour (3). Il est certain que pour faire agréer l'homme dé l'avenir comme le conçoivent les utopistes, il faut bien que l'homme du passé ne soit plus; il serait même assez opportun qu'il n'eût jamais été. L'homme-tétard (4) n'exista jamais : l'homme naît homme et meurt homme; qui s'en étonnerait? Chaque homme est un tout distinct des autres hommes; comment les hommes se transformeraient-ilé, en masse, quand cha- que homme naît, croît et meurt aujourd'hui comme depuis l'origine des choses ? L'homme ne peut pas plus se trans- former (S) que l'eau, l'air, le feu, la terre. Cet élément' dé l'humanité es't un élément fini comme tout élément de la nature. Ni le soleil ne deviendra terre, ni la terre ne devien- dra solfiil; ni l'homme.ne sera autre chose que l'homme, tant qu'il y aura une terre, un soleil et des hommes. Cette manie de chercher l'homme-machine obéissant à (1) V. Un voy. en Angleterre. Journal des Débats du 2 au 4 novem- bre 1833. (2) Depuis la Réforme. (3) lbid. (4) Voir le Jowrnal de la France du 25 décembre 1886. (5) Se transforme lui-même, car celai qui l'a fait peut le transfor- mer sans que les savants s'en doutent