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LA RÉCLAME, LE PUFF ET L'ANNONCE Notre siècle est celui de la charlatanerie,mais la réclame et le puff sont ses enfants de prédilection, ceux qui trans- mettront le mieux ses traits caractéristiques à la postérité. Si notre époque de décadence littéraire voit naître tant de supercheries pour faire valoir les œuvres du jour, c'est que ces œuvres n'ayant en elles-mêmes que peu d'éléments de réussite, leurs auteurs sont tout naturellement portés à en chercher dans mille subterfuges étrangers à leur mérite et plus ou moins faits pour y suppléer. L'on ne peut sans in- justice leur refuser le génie nécessaire à faire vivre momen- tanément leurs livres, s'ils manquent de celui qui pourrait les empêcher de mourir. Que leur importe, après tout, que la postérité les loue , pourvu que le présent les paye ! Ils comptent les écus et non les suffrages, car la littérature est devenue pour eux une branche très-lucrative de commerce, où les romans sont cotés à la hausse, les vers à la baisse, où la morale est lourde, où le grand siècle et le moyen-âge pointent, où l'histoire consciencieuse est peu recherchée sur place, mais où les romans-feuilletons sont au feu au- jourd'hui, en attendant qu'on les y jette demain. Les auteurs , pour aehalander leur boutique , doivent donc y tenir des articles de goût sous peine de n'avoir au- cun débit ; et voilà pourquoi les poètes, les moralistes, les historiens en sontpresqueréduits aux délices de leur amour- propre et aux joies de leur conscience, se tenant lieu à eux- mêmes de public, déjuges, et s'accordant l'importance que le monde ne veut plus leur reconnaître.