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476 INSCRIPTION ROMAINE. Eutyches, négociant lyonnais, et de Privati Quartia, son é- pouse incomparable, et de Privatia Eutychia leur fille, et de Lucius (?) Privatius Felicissimus leur fils et de Privatia Quartia Quartillaleur fille. Ils ont fait faire ce tombeau de leur vivant et l'ont dédié sous l'ascia. Il ne faut pas chercher à reconnaître dans Lucius Privatius Eutyches, de la corporation des marchands de Lyon, un de ces richissimes chevaliers romains qui, sous le nom de negotiatores, étaient de gros banquiers ou faisaient sur une très-grande échelle le trafic du blé. Son surnon grec et son nom de famille (qui est aussi celui de sa femme), formé d'un simple surnom, indiquent un affranchi ou tout au plusunflls d'affranchi, qui, probablement sans rêver de sévirat ni de fonctions municipales, se bornait au commerce et se souciait moins d'honneurs que d'argent. Le surnom A'heureux devait être tenu, dans la maison d'un marchand, pour être de bon présage. Nous voyons que notre homme l'a donné à sa fille aînée, se conformant en cela à une pra- tique fort en usage d'après laquelle les surnoms des filles étaient tirés du surnom de leur père, et ceux du fils du surnom de la mère; mais il l'a donné aussi, traduit en latin à son fils, et c'est la fille cadette qui s'apelle Quartilla du surnom de sa mère. Sibi superstites fecerunt est une variante rare de la formule très-commune : Sibi vivi fecerunt. L'épitaphe déclare le tombeau consacré aux dieux mânes, encore entre les mains du tailleur de pierres, par conséquent sacré et inviolable dès ce moment, avant la mort d'aucun de ceux dont il était destiné à abriter la sépulture. Malgré les lois, des personnes peu scrupuleuses trouvaient un moyen commode et surtout économique de se procurer une pierre en la prenant à un tombeau, et auraientsansdoute vole depréférence, pour ne pas encourir les peines d'un sacrilège, un tombeau placé d'avance, si d'avance aussi il n'eût été consacré. A. ALLMER.