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                POÉSIE.

        LE JOUET DU GÉANT.
Sur le sommet des Vosges orgueilleuses,
Sur ce rocher battu par les autans,
Connaissez-vous ces tours silencieuses
   Jadis demeure des géants ?

Ils ne sont plus. Le vent de la tempête
Les a chasses comme un fétu léger ;
Mais autrefois ils élevaient la tête
    Pleins de mépris pour le danger.

Un jour, l'enfant de la race hautaine,
Fille rieuse, échappée aux regards,
En s'amusant, regardait dans la plaine,
    Du haut de ses nobles remparts.

— Oh ! que c'est beau ! que c'est grand ! disait-elle ;
C'est là le monde ? oh ! j'y suis en deux pas.
Comme, au matin, le soleil étincelle
   Dans le Rhin qui s'enfuit là bas !

Elle descend du haut de la montagne,
Passe les monts, les torrents, la forêt.
— Ah! qu'on est bien, ici, dans la campagne!
   Comme tout est beau !.. j'ai bien fait.

Mais, à ses pieds elle voit quelque chose,
Un laboureur aiguillonnant ses bœufs ;
Elle voudrait le saisir; elle n'ose ;
  Elle pousse un grand cri joyeux.

De son mouchoir elle couvre la terre,
Y met les bœufs, le petit laboureur,
Ferme le tout, remonte vers son père.
   — Père, où donc es-tu? quel bonheur!
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