page suivante »
328 ORIGINES DE 1UGDUNUM. relie encore un canal naturel, mais qui, débarrassée du qualifi- catif préfixe ver, n'est plus attachée qu'au seul lac de Bienne, le moindre des deux amas d'eau. Dans son ensemble, Verbigenus donne l'interprétation de « grand lac », et cette interprétation est tellement incontestable que, joint à un autre élément de signification semblable, ver qualifie de même le Verbanm lacus, Maggiore lago des Italiens, Langen sée des Allemands, Lac ma- jeur des Français. Eponyme de l'un des quatre pagus de la pri- mitive Helvétie (1), le Vcrbigène reçoit, à l'instar de Séquane, d'Urc, d'Acionne, les honneurs divins dans cette inscription de Soleure : GENIO. Vagi VERBlGeniensium (2). VERBIG était lu Urbigenus par Cluvîer, et cette leçon s'est introduite dans plusieurs éditions estimées des Commentaires, nonobstant le texte du plus grand nombre des manuscrits qui ne donnent que ces variantes sans importance : Verbigenus, Verbi- genius, Virbigenus. Pour justifier sa lecture, Cluvier invoquait l'Urba des itinéraires romains, l'Orbe moderne ; Haller a démon- tré son erreur (3). Etymologiqucment, Urbigenus appliqué à Urba ne peut fournir aucun sens raisonnable ; appliqué au lac, il représenterait « l'étendue d'eau par excellence » ar, or, le, bigenn, aquarium. Notre élément resterait donc sain et sauf, l'opinion même de Cluvier étant admise. Ce qui est moins susceptible de doute que l'hypothèse de ce savant, c'est l'épithète de VERBIGENAE ou VERBIGENNAE don- née par plusieurs inscriptions à des Aquœ de l'est de la Gaule. Les érudits suisses, qui sont bien placés pour savoir à quoi s'en tenir, placent ces bains antiques à Baden, sur la frontière des Tugeni et des Vcrbigenienses. Cf. Vagienni, tribus des Ligures établies d'abord près du lac (1) « Ejus pagi qui Verbigenus adpettatur. » (Cœs., De hell. gall., I, 27.) (2) Haller, Helvet. unter der Rœmem, 1,115; — II, 354. (3) Id., ibi'd.