Pour une meilleure navigation sur le site, activez javascript.
page suivante »
S:90                  J. TERRAS ET Ce.

    Le jeune ménage dut vivre chichement, pendant que la
marquise et les siens continuaient à mettre en œuvre toutes
les ressources que peut fournir l'art des sièges. Les attaques
furent longues, obstinées, savantes. Rien ne fut négligé :
ruses, prières, menaces, sarcasmes, opinion publique
ameutée, tout échoua.
    Léopold Certeau et Philippe Charvet, qui ne pouvaient
s'empêcher de porter à la jeune marquise un certain intérêt, -
 pour avoir vu grandir cette enfant sous leurs yeux, crurent
devoir s'entremettre pour fléchir la tante en sa faveur.
 Malgré la confiance et l'affection de leur patronne, ils ne
 furent pas plus heureux que les autres et faillirent se
 brouiller avec elle.
    La naissance d'un enfant,' destiné a perpétuer la race
 des Chalendrèse, ne produisit aucun effet. Plus tard,la mort
 du pauvre Jérôme ne changea rien aux dispositions de
 l'intraitable femme. Elle s'était retirée à la Croix-Rousse,
 dans une maison de campagne, et la elle tenait comme
 dans son fort, ne recevant plus personne. Maîtresse absolue
  de cette grosse fortune, comme c'était justice, puisqu'elle
 l'avait gagnée, elle consacrait ses revenus a secou-rir ses
  anciens amis restés pauvres, et le nombre en était assez
  grand pour ne lui laisser que l'embarras du choix.




   Trois ans se passèrent ainsi.
   La situation du marquis ne s'améliorait guère, il se voyait
 chargé d'une mère, d'une femme, de deux enfants, et la
 tante impitoyable tenait toujours. On la soupçonnait même
•de vouloir dissiper ou aliéner sa fortune. La vieille mar-
 quise en tomba malade.