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                       S. TERRAS ET C e .                   279

attaquait les ide'es modernes, discutait les principes, exal-
tait les devoirs ; sur les droits seulement il était de compo-
sition facile. Mme Terras n'avait qu'à souffler sur cette méta-
physique inoffensive, quand elle devenait trop bruyante, et
tout rentrait dans l'ordre a l'instant. Jérôme avait plus de
satisfaction sinon plus de succès, lorsque, trônant dans ses
comptoirs et magasins, il pouvait assouvir son éloquence
sur le client bénévole ou sur ses propres employés; ces
derniers, au moins, l'écoutaient avec patience dans l'intérêt
de leurs appointements. II était beau surtout quand un pauvre
commis, pris en faute et cité à comparaître devant lui, ve-
nait recevoir humblement du majestueux patron la répri-
mande méritée. C'était tout un cours de morale à essuyer.
   Un jour, le plus jeune des bisteaux de la maison, petit futé
qui avait de l'œil et du bec, ayant affronté pour la dixième
lois cette douche salutaire, déclara que décidément le bon-
homme n'y était plus et que sa décoration lui avait tapé en
plein sur le melon. Sauf la forme, Mouche-à-Miel, comme
on l'appelait dans la maison, n'appréciait pas trop mal la si-
tuation mentale du patron, ainsi qu'on le verra bientôt.
   Un des sujets favoris sur lequel s'exerçait la faconde du
négociant bien pensant, c'était l'éducation sociale des mas-
ses. Pour lui qui n'avait reçu d'éducation d'aucune sorte,
c'était assez fort ; aussi, quand il s'embourbait trop dans les
profondeurs de la question, il se hâtait de la ramènera des
proportions plus modestes, en la circonscrivant sur un ter-
rain spécial, soit l'intérieur de sa maison et de sa famille, et
plus particulièrement l'éducation de sa nièce.
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  Cette riche héritière, qu'il est temps de vous faire con-
naître, avait le malheur de s'appeler Nélida, je ne sais pas
pourquoi... Enfin, Nélida, puisqu'il le faut, allait être œa-