Pour une meilleure navigation sur le site, activez javascript.
page suivante »
UL2                            POÉSIE.

           Disant ceci, Pierrot avise
      Dans les airs un long train d'Hirondelles partant.
      « Le moment est venu, ma foi j'en fais autant ! »
          Il eut bientôt pris sa valise.
          Le voilà donc piaillant, volant,
          Criant, sautant, se trémoussant
          Pour passer en terre étrangère.
          Hélas ! Pierrot avait compté
          Et sans son plumage écourté
          Et sans l'aile vive, légère
          De l'Hirondelle passagère.
          Tremblant, perclus, souffrant, rendu,
      Pierrot fut distancé, Pierrot s'était perdu.
          Pierrot, à bout de tout courage,
          Trouvait peu de charme au voyage,
      Et, caché dans le trou d'un gros arbre pourri,
      Regrettait vivement son noir et vieil abri.

      « Si je pouvais au moins, revenant en arrière,
         • Regagner la pauvre chaumière
          D'où je voudrais n'être jamais sorti,
          Par mon infortune averti,
          J'y passerais ma vie entière ;
          Et ma foi, bien fin il serait
      Celui qui de partir un jour me forcerait. »

          Ainsi Pierrot devenu sage,
          Et tout honteux que lui, moineau
          Eût agi comme un étourneau,
          Reprit son vol vers son village.
          Il y rentra tirant l'aile, brisé,
          Confus, enfin faisant plus triste mine
          Qu'une merlette de croisé
          Revenant de la Palestine.

      * Fou que j'étais ! dit-il, en regagnant son trou,
          De poursuivre je ne sais où
         Tant de biens que la Providence
          Ici me donne en abondance.