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210                     ALEXIS DE JUSSIEU.

même de cette émulation généreuse. Il est bien l'embassa-
deur de Satan, mais le rayon divin de ses splendeurs pre-
mières n'a pu s'éteindre encore sous les cendres maudites ;
c'est un ange « tombé, qui se souvient des cieux. »
   Il sent renaître ses premières ardeurs, félicite les époux
fidèles, les exhorte à espérer en Dieu, et va reprendre le
chemin des Enfers, certain d'y trouver leur monarque et
ses terribles vengeances. Mais l'archange Michel descend
des demeures célestes, enveloppe Alessiel dans un nuage
d'or, et le porte sur ses ailes de feu jusqu'au pied du
trône de l'Eternel. Le Tout-Puissant laisse tomber le pardon
sur ce fils chéri de sa création primitive, et, lui rend sa place
au milieu des chœurs séraphiques, qui accueillent ce frère
ressuscité par le transport de leurs plus harmonieux con-
certs.
   Le poète achève cette émouvante peinture par ce vers
magnifiquement chrétien, qui résume d'un seul trait la pen-
sée dominante de l'œuvre tout entière :
  x       Les pardons du Très-Haut sont les fêtes des cieux.

   Au surplus, les pensées qui animaient Jussieu, sa sensi-
bilité, sa modestie, son goût du beau et de l'antique, tout
son caractère enfin se trouve révélé par un court passage
que je ne puis résister au plaisir de citer, et qui termine la
dédicace de l'œuvre à Jean-Jacques Ampère. Ampère, Jus-
sieu, tous deux amis, comme leurs pères, tous deux unis,
il y a deux ans à peine, par ce poétique souvenir, et tous
deux aujourd'hui dans l'éternité ...
   Voici ce passage :
   « Un jour, nous étions assis sur la plate-forme de Saint-
Onuphre, au dessous de la chambre où le Tasse exhala ses
dernières paroles et son dernier soupir. Quel tableau ! Rome
entière à nos pieds ; à gauche Saint-Pierre et le Vatican,