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 20B                       ALEXIS DE JUSSIEU.

    11 a administré les départements de la Vienne, de la
 Mayenne, de l'Ain (1), siégé au Conseil d'État, et occupé le
 poste de Directeur général de la police du Royaume, sous
 le ministère et a côté de M. de Montalivet, qui l'honorait
 d'une ancienne amitié (2).
    Il ne m'appartient pas de faire de la politique ; mais j'ai
le droit de dire que dans ces missions diverses, remplies
môme dans les provinces les plus agitées par les passions
 du temps, il ne se départit jamais de cet esprit de concilia-
 tion, qui faisait le fond de son caractère et le secret de son
 ascendant.
    Je ne puis oublier surtout que dans l'emploi si délicat
 qui le mettait à la tête de la haute surveillance de la police
française, il sut garder l'estime de tous, conquérir l'affec-
tion particulière du jeune duc d'Orléans et mériter la con-
 fiance du Roi.
    Toutefois, sa situation privée fut loin d'être aussi heureuse :
on a parlé d'inpiévoyance et d'entraînement, mais le juste
renom de sa parfaite loyauté demeura inaltérable. On le
 plaignit d'autant plus qu'il ne se plaignit point : jamais on
ne l'entendit récriminer contre personne, et il sut accepter
en silence les disgrâces de la fortune qui amenèrent sa
retraite.
    Les jours de cette retraite furent laborieux et souvent dif-
ficiles. Je l'a; vu, à Nice, surmontant les embarras d'une si-
tuation précaire, ouvrir avec un véritable éclat un cours de
littérature française, et ravir par ses paroles cet auditoire
d'élite que la colonie privilégiée des hivers européens em-
prunte à toutes les notabilités de l'univers.
   (1) M. Alexis de Jussieu fut deux fois nomrfié préfet de l'Ain sous le
gouvernement de juiliet, du 12 mars 183t jusqu'au 8 juin 1832 ; puis il
revint en 1839 jusqu'au 16 mars 1841.
   (2) Avant d'être appelé à la Direction de la police, il avait été chargé
d'une mission délicate dans la Vendée.